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Laura Jousset ; Anastasia Karagianni
Le 23 octobre 2024, FARI a organisé une session intitulée « Du silence à la (data) science : combler les lacunes de données sur la santé des femmes dans les violences périnatales et le cancer gynécologique », animée par la doctorante Anastasia Karagianni. Cet événement s’est tenu dans le cadre de la semaine « Future of Tech is Female » (FoTiF) au Centre de Test et d’Expérience de FARI et coïncidait avec le Mois de la Sensibilisation au Cancer du Sein, rendant la discussion d’autant plus pertinente.
La session a abordé les défis critiques liés aux lacunes de données dans la santé des femmes, en se concentrant particulièrement sur les violences obstétricales et périnatales, ainsi que sur le cancer gynécologique. Anastasia, s’appuyant sur ses travaux de recherche, a exploré comment les biais de genre en médecine découlent de cas souvent sous-déclarés ou peu étudiés, causant des retards de diagnostic et des soins inadéquats pour les femmes.
« There is an elephant in the room », a déclaré Anastasia pour souligner la portée de ces lacunes de données souvent ignorées dans les soins de santé féminins. En effet, les femmes et les corps féminisés sont désavantagés par rapport aux hommes dans l’accès à des soins équitables : un déséquilibre amplifié par le manque de données complètes, rendant difficiles d’aborder des questions comme la violence obstétricale et le cancer gynécologique.
La violence obstétricale, qui se traduit par des mauvais traitements infligés aux femmes lors de l’accouchement, est souvent sous-déclarée en raison de la peur, de la stigmatisation et de la banalisation de ces expériences. Anastasia a également souligné les aspects psychologiques et verbaux de cette violence, souvent invisibles : “une partie immergée de l’iceberg”.
Une partie essentielle de la discussion portait sur la manière dont l’Intelligence Artificielle (IA) et les technologies numériques peuvent combler ces lacunes. En obstétrique, l’IA est déjà utilisée pour améliorer la qualité des échographies et surveiller les processus d’accouchement, en prédisant les complications potentielles. En effectuant des tâches répétitives, elle assiste les professionnels, réduit les erreurs humaines et la fatigue, améliorant ainsi les résultats pour les mères et les enfants.
Dans le domaine des violences périnatales, les applications de santé numérique et les outils d’IA jouent un rôle essentiel dans la détection des schémas de violence. Ces technologies peuvent identifier les risques élevés de violence plus tôt que les méthodes traditionnelles, détectant les cas potentiels de violence domestique grâce aux modèles de données, bien avant l’apparition de signes visibles. Cependant, Anastasia a souligné qu’il est nécessaire de rester vigilant, car ces algorithmes peuvent parfois produire des faux positifs, ce qui pose un risque pour la précision et la fiabilité de ces outils.
Les plateformes de santé numérique et les technologies d’IA utilisées pour la détection du cancer gynécologique devraient être conçues avec des données complètes qui prennent en compte la diversité des identités de genre. Par exemple, les dossiers de santé électroniques devraient être personnalisés pour répondre aux besoins spécifiques des patients transgenres et non-binaires, en intégrant des rappels pour des dépistages gynécologiques basés sur les besoins anatomiques plutôt que sur le genre.
Les travaux d’Anastasia visent à faire entendre la voix des femmes dans le domaine des soins de santé. En abordant ces domaines négligés, la session a appelé à repenser comment les technologies numériques, en particulier l’IA, peuvent contribuer à une collecte de données plus précise et, à terme, à des soins plus personnalisés et justes pour les femmes.
La session s’est conclue par des recommandations pour combler ces lacunes, en insistant sur l’importance d’une collecte de données sensible au genre et sur le potentiel de l’IA pour offrir des plans de soins inclusifs et sur-mesure. Les perspectives d’Anastasia ont offert un message porteur d’espoir, illustrant comment la technologie peut renforcer la place des femmes dans le système de santé, tout en rappelant le chemin restant à parcourir.
Cet événement a mis en lumière l’engagement de FARI à utiliser l’IA, les données et la robotique pour le bien commun, et a lancé un débat crucial sur la manière dont la technologie numérique peut s’attaquer aux biais de genre pour améliorer la santé des femmes.
Comme l’a résumé Anastasia avec éloquence, il est temps d’adresser ce tabou – « the elephant in the room» – et de s’assurer que les données sur la santé des femmes ne soient plus ignorées pour progresser vers une équité dans les soins de santé.
Nous tenons à remercier l’équipe de Future of Tech is Female (FoTiF) et BeCentral de nous avoir confié la session de clôture de ce festival, marquant la troisième participation de FARI à cette initiative.
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